Esthéticiennes : bientôt la lumière pulsée autorisée ?

Jusqu’à présent, la France reste le seul pays européen à ne pas autoriser le recours à la lumière pulsée en salon d’esthétique. Une décision de la Cour de Cassation qui crispe les professionnels du secteur, puisque tous leurs voisins bénéficient de cette autorisation.

 

Depuis un arrêt rendu par la Cour de Cassation le 21 mars 2018, les instituts et esthéticiens professionnels sont tenus de « connaître les limites à l’utilisation des appareils à lumière pulsée », vendus librement par leurs fournisseurs. Il rappelle notamment qu’il leur est « interdit de procéder à des actes que seul un médecin peut faire », en application de l’article 5-2 de l’arrêté du 6 janvier 1962, indiquant que « tout mode d’épilation est un acte médical, sauf l’épilation à la pince ou à la cire. » En effet, cet arrêté prend en compte les risques que les pratiques épilatoires à la lumière pulsée peuvent faire courir pour la santé des clients.

Depuis des années, les professionnels réclament l’évolution de cette décision. En effet, les non-médecins, dont les salons d’esthétiques sont autorisés à recourir à de tels appareils pour réaliser des soins de photorajeunissement. Alors pourquoi limiter cette autorisation à une seule utilisation ?

 

Une législation vouée à évoluer

 

Si les professionnels du secteur réclament une solidarité avec les fournisseurs et les fabricants, afin que leurs objectifs soient rapidement atteints ; permettant donc l’utilisation d’appareils à lumière pulsée, l’Agence nationale de sécurité sanitaire, quant à elle, demeure vigilante. Elle souligne notamment la nécessité de prendre des mesures visant à limiter la survenue des effets indésirables observés. Elle recommande notamment une grande vigilance quant à la provenance des appareils à visée esthétiques, la mise en place d’une information obligatoire auprès des clients quant aux effets potentiellement indésirables.

Le gouvernement, de son côté, soumettrait cette pratique à des conditions, notamment en terme de formation ; ce qui n’empêche pas certains médecins, tels que les dermatologues à se poser, eux-aussi, des questions, pour la santé et la sécurité de leurs patients habituels. Le président du Syndicat National des Dermatologues-vénéréologues, Luc Sulimovic, s’inquiète de son côté, affirmant « [qu]’il ne faut pas laisser des actes médicaux entre les mains de personnes qui ne sont pas formées pour ça ». Il s’appuie notamment sur les risques de mélanomes et de maladies endocriniennes non-détectées par des non-médecins exerçant une épilation à la lumière pulsée ; et donc, des retards de diagnostic.

Les esthéticiens, quant à eux, demeurent optimistes et estiment que la formation qu’il leur sera dispensée pour exercer ce type d’épilation leur permettra de ne pas mettre en danger leurs clients. Selon ce que l’on sait actuellement de ce décret, il obligera donc à une formation dépendant du niveau d’études des professionnels, et délivrant une attestation de compétences de cinq ans. A voir donc d’ici quelques semaines…

Par Blandine Escaffre